Au cours de l’année 2023, une équipe de scientifiques et d’ingénieurs de l’IRD et du CNRS a réalisé quatre missions océanographiques baptisées SWOTALIS. A bord de l’Antéa, ils ont mis le cap sur le Sud de la Nouvelle-Calédonie, dans le Parc naturel de la mer de Corail.

Pendant huit mois, des lignes de mouillage instrumentées ont été déployées au large. Les scientifiques ont également réalisé des prélèvements. Retour sur cette campagne inédite dans la région, qui doit permettre d’analyser les mouvements de l’océan.

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SWOTALIS 1 : Cap au Sud

Drôle de nom pour une campagne non ? Il fait référence au satellite SWOT. Les campagnes ont été lancées dans le cadre d’un grand consortium international, avec le lancement du dit satellite, le 16 décembre 2022. Franco-américain, il a été lancé par la NASA et le CNES. Il observe tous les phénomènes océaniques qui font bouger le niveau de la mer à petite échelle, un protocole encore jamais vu auparavant. Alors sur le Caillou, le 14 mars 2023, la première mission océanographique SWOTALIS1 a largué les amarres pour se positionner sous les traces de SWOT.

Pas moins de 11h de navigation attendaient les scientifiques. Ils ont mis le cap vers la région des monts sous-marins, au Sud de la Nouvelle-Calédonie, plus précisément à cinq heures au large de l’Île des Pins. “Quand les marées classiques vont rencontrer les obstacles géographiques, comme les monts, ils vont créer des mouvements verticaux et faire bouger toutes les couches de l’océan de plus de 100 mètres” explique Sophie Cravatte, océanographe physicienne à l’IRD. Ce sont ces phénomènes-là que les scientifiques veulent étudier. Ils seraient très importants pour mélanger les couches de l’océan et faire remonter des nutritifs. “Ils vont donc influencer les températures de surface et les écosystèmes précise-t-elle.

Les scientifiques auront la possibilité de récupérer les données enregistrées par le satellite pendant les missions. Ces données seront ensuite comparées avec celles recueillies dans l’océan par la campagne SWOTALIS.

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Lancer les lignes

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Un joli VMT © Lionel Gourdeau – IRD

Lors de cette première mission, les équipes ont déployé en mer des instruments qui sont ensuite restés toute l’année. “On a déployé des lignes de mouillage. On a un leste au fond, entre 600 et 1200 mètres de fonds, sur le mont ou à côté. Il y a également un grand câble qui est tiré du leste jusqu’à 40 mètres sous la surface” détaille Sophie Cravatte. Des instruments sont installés sur toute la longueur du câble. Ils ont enregistré en continu, toutes les dix minutes, depuis mars, les variations de températures, salinités et courants de l’océan. 

En avril puis en mai, deux autres missions ont eu lieu, chacune d’environ une dizaine de jours. Là, les scientifiques se sont rendus sur sept points dans le Sud. Ils y sont restés 48 heures pour faire des prélèvements d’eau et des mesures, toutes les 20 minutes. “En plus de ce que vont donner les mouillages, on pourra savoir ce qu’il y a dans l’eau : les nutritifs, le zooplancton et le phytoplancton. On a mesuré ce mélange avec un instrument qui s’appelle le VMT, le Vertical MicroProfiler” explique Sophie Cravatte. 

Au cours de la troisième mission, l’Antéa a fait 16 allers-retours de 50 kilomètres pour tracter un instrument qui mesurait en continu les profils de températures. Il a tracté dans le même temps une nappe équipée d’un GPS qui mesurait le niveau de la mer.

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Fin de mission, on rentre 

Au même moment, des équipes japonaises, américaines, australiennes et françaises ont étudié d’autres régions différentes à travers le monde. “Il y a eu des campagnes en Méditerranée, en Californie et en Antarctique aussi. L’idée, c’est de mettre toutes les données ensemble pour essayer de mieux comprendre, ce que le satellite va voir” explique Sophie Cravatte. Les monts sous-marins sont particulièrement intéressants car ils sont connus pour être des “hot spots” de biodiversité. “L’un des objectifs c’est aussi de comprendre pour certains monts attirent plus de mammifères que d’autres.”

La quatrième et dernière mission, organisée fin novembre, a permis de récupérer les lignes mises en place en début d’année. Deux chercheurs et quatre ingénieurs du CNRS et de l’IRD, spécialistes de l’instrumentation, avaient pour tâches de tout récupérer. Les différents appareils ont engrangé un important volume de données. Les scientifiques ont prévu de les analyser sur les trois prochaines années, pour mieux comprendre les paramètres de l’océan liés aux marées internes.  

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L’Antéa, beauté scientifique des mers © Sophie Cravatte – IRD

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