Non, il ne sera pas question de chocolat aujourd’hui ! Mais bien de coraux et de… cacas d’oiseaux. En effet, une équipe multidisciplinaire de scientifiques a mené une campagne dans les atolls d’Entrecasteaux, du 20 au 31 juillet derniers, afin d’étudier les déjections des oiseaux et leur rôle sur les coraux. Et ça, c’est « excrémement » bien !

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Fiente-astiques oiseaux © Tristan Berr IRD

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Fiente-astiques oiseaux pour nos coraux

Si l’IRD semble particulièrement créatif pour trouver des noms de missions scientifiques originaux, ils ne sont pourtant pas vides de sens. Concernant la mission CACAO, le communiqué de presse précisait : « Des CorAux et des oiseaux : Comment l’Azote dérivé des Oiseaux marins influence la santé des écosystèmes coralliens ». Ainsi, c’est à bord de l’Antéa, qu’un groupe de scientifiques de plusieurs disciplines et instituts a embarqué, direction l’île de la Surprise et l’îlot Huon.

Leur objectif commun ? Comprendre comment les excréments d’oiseaux marins peuvent profiter à la bonne santé et la résilience des coraux. Les îlots éloignés sont des lieux d’habitation privilégiés pour bon nombre d’espèces d’oiseaux. Ils se nourrissent en mer, s’y reproduisent et y vivent leur vie entière, créant ainsi des zones riches en azote et en guano – façon scientifique pour parler de la matière organique créée par les oiseaux.

Le fait que l’accumulation d’azote dans les lagons alentour profite aux écosystèmes marins n’est plus à prouver. D’autres études ont déjà été menées et mettent en exergue que les coraux de Calédonie sont particulièrement en bonne santé et résilients par rapport à leurs voisins australiens. De ce fait, l’objectif de cette mission était de comprendre précisément les processus en œuvre dans ce transfert vertueux entre écosystèmes terrestres et écosystèmes marins. Sans oublier de tisser un lien entre quantité d’oiseaux marins, azote disponible et santé des coraux.

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Petit schéma explicatif pour y voir plus clair ! © Boris Colas, CPS

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La cacao-phonie des oiseaux

Cette opération pluridisciplinaire a donc consisté principalement en plusieurs actions. Les scientifiques ont réalisé divers prélèvements – algues, coraux, eau souterraine – et diverses mesures. Ils souhaitaient ainsi proposer une première analyse de l’évolution de la santé des coraux sur les cinquante dernières années. Les enregistrements effectués permettront de reconstruire l’approvisionnement en azote par les oiseaux marins, sur une période donnée et en comprendre les raisons.

En effet, si ces deux îlots ont été choisis, c’est notamment parce qu’ils abritent d’autres espèces invasives : les rongeurs. Ces derniers ont une influence néfaste sur les colonies d’oiseaux puisque leur présence entraîne une diminution des effectifs et donc, indirectement, un appauvrissement des apports de guano vers les coraux.

L’équipe à bord du navire, composée de scientifiques de l’IRD, de l’Université de Bretagne Occidentale, du CNRS, du Max Planck Institute, a pris toutes les précautions nécessaires pour limiter les perturbations lors des prélèvements. Financée par l’IRD, ISBlue, le Max Planck Institute en Allemagne et la Flotte océanographique française, cette mission se fait aussi avec le soutien financier du Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie. Une belle façon de rappeler que les expéditions scientifiques menées dans le Parc Naturel de la Mer de Corail ont aussi pour objectif de donner des pistes de réflexion pour une protection optimale.

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Mieux connaître pour mieux protéger

Dans ce contexte, TIC TAC, ReCoVer, et tant d’autres deviennent des outils d’aide à la décision. En effet, les gestionnaires, désireux de protéger l’environnement néocalédonien pourront, avec les résultats de ces missions, prendre des décisions éclairées. Dans le cadre de cette expédition, la protection concerne à la fois les récifs coralliens mais aussi les oiseaux marins qui y vivent… Car les populations de rongeurs déciment les colonies de volatiles. Et ça, c’est caca-strophique pour la résilience de nos coraux

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