Alors que les vacances battent leur plein en ce début janvier, le Cercle nautique calédonien a tout de même décidé d’organiser une conférence dans son espace lounge. La rédac, avide d’actualités, était au rendez-vous ! Le sujet n’est pas pour nous déplaire : il s’agissait d’en apprendre plus sur la traction de bateaux par aile de kite. Notre conférencière du jour, Selma Nemouchi, de passage en Nouvelle-Calédonie, nous a présenté Beyond the Sea, l’une des références dans ce petit écosystème.
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Vers l’infini et au-delà !
C’est dans les confortables canapés de l’espace lounge que nous nous installons ce mardi soir. 18h tapantes, les participants arrivent en masse : les loups de mer du CNC et les curieux se sont donnés rendez-vous pour en apprendre plus sur cette « solution de traction des navires par aile de kite ». C’est Selma Nemouchi, calédonienne de naissance et expatriée à Arcachon pour son travail qui mène la présentation…
… qui porte sur l’entreprise pour laquelle elle travaille : Beyond the Sea. Créée en 2014 par le navigateur Yves Parlier, cette entreprise développe et commercialise des ailes de kite, qui peuvent être utilisées à bord de tous types de navires – du bateau de plaisance au transport maritime. En utilisant la force vélique, cette solution permet de limiter l’utilisation du moteur et de décarboner le transport maritime !
L’intérêt du public est piqué et quelques questions « pratico-pratiques » pointent le bout de leur nez : quelle taille, quelle matière, comment installer la voile, comment la déplier, comment l’utiliser… Bref, tout un tas d’interrogations auxquels Selma se fait un plaisir de répondre.
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« Le pouvoir du vent au service des marins et de la planète »
La juriste présente les deux ailes de kite de Beyond the Sea : la première, la LibertyKite® est un croisement entre un cerf-volant et une aile de kite. Allant de 10m2 à 80m2 pour le moment, cette voile supplémentaire est une aile auto-stable, facile à installer et à utiliser. Si la présentation offre la possibilité de visualiser les caractéristiques de cette aile, Selma en a amené une, qu’elle déploie dans l’espace lounge. Autant vous dire que 20m2, ça prend de la place !
La deuxième aile, SeaKite®, n’était pas transportable. En effet, cette aile fait partie d’un dispositif embarqué plus large que la seule aile. Celle-ci ressemble vraiment à une aile de kite – avec un boudin à gonfler – et elle est reliée à un moteur. Le dispositif s’installe sur l’avant d’un navire avec mât de lancement et soute de rangement. Le système est automatisé et s’adapte en fonction des conditions météo : en fonction du vent, la voile sera tantôt en statique, tantôt en dynamique. Mais au-delà de ça, l’aile SeaKite® a surtout vocation de s’installer sur des navires de taille un peu plus conséquente…
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Décarboner le transport maritime
Car tout l’enjeu est là. Dans notre système de mondialisation, les échanges de marchandises se font à 90% par voie maritime. En 2020, ce sont 90 000 bateaux de commerce qui naviguent chaque jour. En d’autres termes, ce sont 717 millions de tonnes de CO2 qui sont rejetés par an. Des solutions véliques voient de plus en plus le jour et Beyond the Sea se donne pour mission, dans les dix prochaines années, de participer à la décarbonation du transport maritime.
Les ailes de kite permettraient en effet de réduire de 20% les émissions de gaz à effet de serre, soit environ 143 millions de tonnes de CO2. Et ce chiffre ne peut pas passer pour dérisoire. Si les ailes de kites n’empêcheront pas du jour au lendemain l’utilisation des moteurs, notamment pour les porte-conteneurs, c’est un pas de plus vers l’utilisation d’une énergie propre. En plus d’être une solution peu coûteuse, elle peut s’adapter à tous types de navires.
La Nouvelle-Calédonie est un territoire qui offre des conditions de vent optimales. Si les marins présents émettent quelques doutes quant à l’utilisation du LibertyKite® ici, personne ne renie l’atout que représente ces ailes, que ce soit pour la navigation ou pour la sécurité à bord. Certains skippers de l’Arkea Ultim Challenge ont d’ailleurs équipé leur bateau de ce dispositif ! Le potentiel de la propulsion par le vent est infini, il ne reste qu’à continuer à imaginer les manières de naviguer de demain ! Merci Selma pour cette présentation !
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