Alors que nous avons assisté à une intervention en classe de l’association Sea Shepherd, nous en avons profité pour discuter avec Ophélie Richard, la responsable du pôle KIDS. Fascinée par les requins, c’est tout naturellement qu’elle a rejoint les rangs de ces pirates des mers, version calédonienne. C’est sur un des animaux totem du Caillou et des îles que l’antenne locale de l’ONG focalise ses actions. Poussée par son amour pour les requins et son envie de transmettre, elle a décidé de s’investir au sein de l’association en faisant de la sensibilisation auprès des plus jeunes. Pédagogue engagée, elle écume les écoles afin d’expliquer aux enfants le rôle et l’importance des squales pour nous et notre lagon. Nouveaux pirates à l’horizon ?

Sea Shepherd

__

Bonjour Ophélie et bienvenue sur NeOcean. Peux-tu te présenter à nos lecteurs et ton rôle au sein de Sea Shepherd ?

Salut NeOcean, je m’appelle Ophélie et je suis bénévole au sein de l’ONG Sea Shepherd pendant mon temps libre. Je suis médecin généraliste dans ma vie professionnelle donc pas grand-chose à voir avec l’environnement à la base. Pourtant, toutes les questions liées à sa protection ont toujours été importantes pour moi.

Quand je suis arrivée en Nouméa, je suis toute de suite allée à une réunion de Sea Shepherd. Je connaissais déjà l’association en métropole et cela m’intéressait de prendre part à leur action. J’ai immédiatement aimé le fait qu’il se concentre ici sur la protection du requin.

Sea Shepherd
Pirates des mers © Sea Shepherd

Il y a plusieurs groupes dans l’association dont un orienté vers des interventions en école. C’est vers celui-ci que je me suis dirigé. C’est un domaine qui me parle beaucoup, j’ai envie d’agir auprès des jeunes pour les sensibiliser à ces questions. J’y crois beaucoup ; je pense que c’est comme ça que nous allons aller vers une planète plus responsable. De ce fait, j’ai intégré le groupe KIDS et de fil en aiguille, je me suis retrouvée à le gérer.

__

Tu coordonnes donc le groupe KIDS : depuis combien de temps existe-t-il ? Comment intervenez-vous en classe ? Faut-il des compétences particulières ?

Sea Shepherd
© Sea Shepherd Nouvelle-Calédonie

J’ai rejoint l’association il y a deux ans et demi. Le groupe KIDS existait déjà depuis plusieurs années. Les bénévoles ont produit un gros travail pour créer ce pôle et pour qu’il soit reconnu par les trois provinces. Aujourd’hui, nous avons un accord avec eux pour intervenir dans les écoles.

Pour les écoles primaires, nous sommes dans le catalogue des interventions possibles. Ce sont elles qui doivent contacter la province pour leur notifier qu’elles sont intéressées par une intervention de Sea Shepherd. Ce sont elles qui font le relai auprès de nous. C’est à ce moment que j’interviens : mon rôle est de programmer ces interventions, en fonction des disponibilités des bénévoles et de la demande des instituteurs.

Pour les collèges et lycées, ce sont plutôt eux qui nous demandent directement. Globalement, nous intervenons plus auprès des écoles primaires que du secondaire. Nous restons très ouverts, dès que nous avons une demande, j’essaie vraiment d’y répondre, avec un format adapté.

Nous faisons une intervention d’environ deux heures, avec un diaporama et beaucoup de vidéos. C’est un moment qui est interactif et qui fonctionne très bien avec les enfants. Nous parlons de l’association pour la présenter puis nous parlons du requin : d’abord de son rôle puis de sa réputation et de son anatomie. Nous fournissons beaucoup d’informations sur les différentes espèces de requin, nous essayons de créer de l’intérêt. Il s’agit de donner des pistes de réflexion et des informations concrètes. Nous terminons sur le fait que les requins sont en voie d’extinction aujourd’hui.

Le nombre d’interventions est très variable selon les années. Il y a trois ans, avant mon arrivée dans l’asso, ils avaient eu une grosse année, avec près de quatre-vingts interventions. Cette année nous sommes dans les environs des trente interventions, ce qui est déjà beaucoup vu la taille de notre équipe. En tout cas, nous avons réussi à répondre à toutes les demandes cette année ! Je suis très contente de ne pas avoir eu à dire non à une intervention.

Enfin, pas besoin de compétence particulière pour rejoindre les rangs de l’association, mais globalement il faut aimer l’environnement et vouloir le protéger ! Il y a des règles qui s’appliquent quand on porte le t-shirt mais pour rejoindre KIDS, c’est ouvert à tout le monde. Il faut avoir du temps en semaine puisque les interventions se font sur les horaires scolaires ; aimer les enfants et avoir un gout pour transmettre sa passion et ses valeurs.

__

Est-ce que ton lien à l’océan a toujours été inné ? Pourquoi avoir as-tu rejoint Sea Shepherd ? D’un point de vue personnel, comment vois-tu la situation à Nouméa en ce moment ?

Mon lien à l’océan n’est pas inné ! Je suis Alsacienne de souche, la mer ne faisait pas partie de mon quotidien. Pour autant, quand je suis arrivée en Nouvelle-Calédonie, j’ai découvert le lagon, l’océan et j’en suis tombée amoureuse. C’est un univers magnifique et fascinant ! J’ai commencé à plonger, à faire de l’apnée… J’ai trouvé que les requins étaient des animaux calmes et majestueux, c’est mon animal préféré en plongée. Il me fascine. Je ne comprends pas du tout cette peur qu’on a de lui. Ça m’a tout de suite tenu à cœur d’essayer de changer le regard du public sur lui et de le protéger.

Sincèrement, ce qui se passe en ce moment à Nouméa me déprime. J’essaie de ne pas y penser mais je me suis si impuissante face aux décisions prises. L’association essaie de mener des actions juridiques mais ça échoue. Nous faisons tout ce que nous pouvons face à cette situation.

C’est très triste, j’ai du mal à comprendre ces décisions, notamment au vu de toutes les études scientifiques qui existent à l’échelle mondiale. Les requins sont en voie de disparition, certaines espèces ont disparu à 99%, c’est très inquiétant. Notre lagon est en bonne santé, c’est une chance par rapport au reste du monde. La présence des requins-tigres et bouledogues est normale et surtout, elle permet de maintenir l’équilibre des écosystèmes et cette bonne santé globale.

__