Le loup de mer est aussi une femme ! Et aujourd’hui, notre louve s’appelle Sylvie Hébert. Si vous aimez les histoires de voyages, d’explorations, de bateaux et de rencontres, vous serez servis avec Sylvie ! Son parcours, tissée de périples marins et d’explorations à travers les océans du monde, nous transporte au cœur d’une belle épopée maritime. Le terme de louve lui colle à la peau puisqu’elle est l’heureuse maman de Sarah et Tom Hebert, une fierté qu’elle ne cache guère. Embarquons donc à bord de son récit, voguant à travers les flots tumultueux de son expérience, pour découvrir les horizons lointains qu’elle a explorés au fil des années.

La louve de mer à la barre © Sylvie Hébert

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Bonjour Sylvie, bienvenue sur NeOcean ! Bon, mis à part d’être la maman de Sarah et Tom, est-ce que tu peux te présenter à nos lecteurs ? 

Bonjour NeOcean et merci de m’accueillir. Je m’appelle Sylvie Hébert, c’est une grande fierté d’être la maman de Sarah et Tom. Je suis une infirmière à la retraite et aujourd’hui, je continue de m’occuper en allant nager avec les Fantastic Grand Mothers et en m’occupant de mes petits-enfants. 

J’ai grandi proche de la mer mais ce n’est pas pour autant que je faisais de la voile ou de la planche. Je m’y suis mise « tard », vers mes quatorze ans, d’abord en lac. Puis, j’ai continué avec des régates à La Rochelle et je me suis prise de passion pour les régates sur des habitables. J’étais bercée par les récits d’Alexandra David-Néel ou les aventures de Jérôme Poncet et Gérard Janichon à bord du Damien… C’est ce qui m’a donné envie de parcourir le monde, de découvrir d’autres cultures ! À 25 ans, avec mon mari, nous avons décidé de partir à bord d’un voilier

Le fidèle destrier au mouillage ! © Sylvie Hébert

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Waou, partir à l’aventure à bord d’un bateau ! Parle-nous un peu de ce morceau de ta vie !  

À l’époque, pas d’électronique ou d’électricité à bord donc il fallait s’organiser. On apprend sur le fil quand on part à l’aventure sur un bateau. Il faut faire avec les aléas du temps, de la météo, de la casse du bateau… Bref, il y a tellement de choses à prévoir, à faire et à penser. Par exemple, faire le « grand » tour d’un récif pour être sûr de passer en sécurité, plutôt que de couper et occasionner de la casse, faire attention aux provisions et s’accommoder des boites, de riz, de pâtes et acheter local parce qu’on n’a pas forcément de frigo sur le long terme. 

Comme j’étais infirmière et que j’avais pu travailler en pédiatrie ou en service d’urgence auparavant, je me sentais plus préparée s’il y avait un problème, notamment avec Sarah qui était toute petite à ce moment-là. Elle a fait les cours par correspondance jusqu’au CM2. On a voyagé pendant douze ans sur le bateau ! 

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La tanière de la louve… © Sylvie Hébert

Pour autant, on ne naviguait pas tout le temps ! On s’arrêtait plusieurs semaines ou mois pour travailler et renflouer les caisses. Australie, Afrique du Sud, La Réunion… Nous avons visité énormément de pays et d’endroits qui nous ont laissé des souvenirs incroyables. Parfois des bons, parfois des moins bons mais ça a toujours été une question de rencontres avec les autres

Lors d’un voyage, nous avons mouillé dans l’archipel des Louisiade, à l’est de la Papouasie Nouvelle-Guinée. Dans la nuit, j’entends des bruits sur le bateau. On s’habille, on sort sur le pont pour voir ce qu’il s’y passe et on trouve des bananes, des ananas, des papayes, des légumes… En fait, ce sont les gens à terre qui nous avaient amené ça ! Je crois qu’ils n’avaient jamais vu d’autres couleurs de peau avant nous… On a passé du temps avec eux et même si nous ne parlions pas la même langue, c’était assez magique d’échanger avec eux ! 

À contrario, il y a aussi des souvenirs qui marquent en navigation. Lors d’une traversée dans l’océan Indien, nous avons été coincés pendant plusieurs jours dans une très mauvaise météo. Tant et si bien qu’une nuit, le bateau a sanci – piqué du nez – et il s’est retourné. Heureusement j’étais attachée mais je me suis retrouvée dans l’eau à me demander quoi faire ! Le bateau est revenu droit mais il y avait plein d’eau à l’intérieur. Mon mari s’est réveillé en panique et il s’est un peu blessé. Plus de peur que de mal mais on a vraiment peiné à sortir de ce mauvais temps car nous étions sous-voilés. Nous nous sommes relayés pour barrer !

Un morceau de voyage vraiment éprouvant ou je me suis dit que je voulais vendre le bateau. Chose que nous n’avons pas fait, bien évidemment ! C’est ça aussi la voile, il n’y a jamais vraiment de juste milieu ! Soit on est euphorique, on adore ce qu’il se passe, on admire, on réfléchit, on a de l’adrénaline… Soit c’est l’apocalypse ! 

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Ce sont de superbes aventures ! Aujourd’hui tu n’as plus de bateau mais tu conserves un lien étroit au lagon ? Ton beau collier queue de baleine en atteste… 

Nous avons décidé de poser nos valises en Nouvelle-Calédonie car nous avions vraiment adoré y vivre. Pour les enfants c’était l’idéal et pour nous aussi… Je me suis engagée comme bénévole à la SNSM et comme j’étais infirmière, c’était un petit plus pour leur équipe. J’ai pu passer des diplômes de plongeur sauveteur et de moniteur. Puis j’ai fait un long voyage en Amérique du Sud, j’y trouvé ma spiritualité là-bas. J’étais loin de la mer mais en contact constant avec la nature. Je n’ai jamais trop été une femme de la ville… 

Quand je suis arrivée à la retraite, j’ai commencé à nager avec les FGM. On a toutes notre petite spécificité et comme je me suis mise à dessiner pendant la COVID-19, je fais des dessins des animaux marins que je vois. Et je m’occupe de mes petits-enfants. C’est une continuité ! J’ai essayé d’élever mes enfants dans le respect de l’autre et le respect de la nature. Je fais de même avec les petits. 

Dans tous les cas, j’ai besoin de nature et particulièrement de la mer. Mon appartement donne sur le port et la rade, c’est un besoin de voir l’eau, l’horizon, entendre le bruit de la mer, sentir les odeurs… Et puis je nage beaucoup, c’est ce que j’appelle de la méditation active. Je m’échappe quand je suis dans l’eau, j’oublie tout. On est plus attentif à ce qui se passe sur le moment présent, à voir les choses et les animaux autour de soi ! C’est fantastique comme sentiment. D’ailleurs, j’ai participé le mois dernier à une expédition pour aller observer les nudibranches à Ouvéa ! C’est essentiel pour moi de participer à ces actions pour mieux comprendre et protéger. 

J’ai voulu transmettre ça à mes enfants et à mes petits-enfants, parfois j’essaie de sensibiliser les gens qui nagent dans le lagon et qui ont tendance à ne pas comprendre que ce sont des écosystèmes vivants et fragiles. Il faut vraiment que les gens s’en rendent compte, c’est important pour les générations qui arrivent. On laisse la terre à nos enfants, prenons-en soin ! 

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