La pêche est à la Calédonie ce que ce rugby est à l’Afrique du Sud ! Pour le sport, pour le plaisir, pour se nourrir, les coups de pêche sont l’apanage de nombreux Calédoniens. Des groupes Facebook comme “Spearfishing” ou “Pêche New Caledonie” illustrent bien l’engouement et le partage autour de cette activité. C’est d’ailleurs sur un de ces groupes que nous avons entendu parlé de Kast NC : à travers une vidéo, Antoine Klein montre une pratique peu courante sur le Caillou, celle de remettre à l’eau un poisson qui vient d’être pêché. Piquée, la rédac’ est allée le rencontrer pour en savoir plus sur celui qui se cache derrière le shop ET cette pratique ! Découvrez les réponses aux trois questions de la rédac’.

KAST NC
Ca commence avec du gros poisson © KAST NC

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Salut Antoine et bienvenue sur NeOcean ! Alors on barre faire un petit coup de pêche ? 

Salut NeOcean ! Carrément, je vous emmène avec moi. Je m’appelle Antoine Klein, j’ai 30 ans, je suis né à Nouméa et j’y habite depuis. J’ai rarement quitté la Calédonie, à part pour des vacances ou pour mes études, entre 2013 et 2020. Avec mon frère, nous avons repris l’agence maritime de notre père. Nous nous occupons des minéraliers. Et récemment, j’ai développé mon activité de pêche qui s’appelle Kast NC. C’est un magasin d’accessoires de pêche en ligne. J’ai une page Facebook sur laquelle je partage ma passion pour la pêche et où je montre la relâche de poisson. 

Quand j’étais petit, j’allais à la pêche avec le grand-père, on pêchait avec un plomb, un hameçon et un bout de sèche. Un truc assez basique ! Aujourd’hui, ma pêche est un peu différente, notamment parce que je remets mes prises à l’eau dans quatre-vingt-dix pourcents des cas. J’ai commencé cette pratique pendant mes études en France parce que je pêchais en eau douce. C’est ce qu’on appelle la pêche au lancer. C’est là que ma passion s’est vraiment développée. 

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Donc grosse passion pour la pêche ! Envie de développer l’activité de KAST NC et faire découvrir ta façon de pêcher en Calédonie ?  

Quand je suis revenu de métropole, je me sentais un peu « limité » dans le choix de mon matériel de pêche. C’est comme ça que j’ai commencé à acheter du matériel haut de gamme, voire très haut de gamme. Aujourd’hui c’est mon activité : j’ai créé un shop en ligne pour vendre ces produits. On y retrouve des hameçons, des leurres, des vêtements anti-UV, des tapis de réception des poissons… Comme je remets les prises à l’eau, j’essaie au moins de bien les traiter sur le bateau ou en tout cas, le mieux possible. 

Je sais que ce n’est pas du goût de tout le monde, qu’il y a aussi des gens qui ne seraient pas d’accord avec cette façon de faire. En France, dans le milieu eau douce, c’est quelque chose qui se fait beaucoup. Puis, j’ai effectué quelques recherches pour savoir si ça se faisait en Calédonie. 90% des gens ici pêchent pour se nourrir. Mais je suis tombé sur Etienne Picquel, un ancien guide de pêche qui emmenait des gens en mer et qui les initiait à cette pratique. 

Je me suis mis en contact avec lui. Il avait une clientèle étrangère plutôt prestigieuse et chevronnée de la pêche de la GT. Il leur faisait découvrir la pêche, les poissons et visiter le lagon. J’ai commencé à pêcher avec lui et quand il est rentré en France, j’ai racheté son bateau. Au début ce n’était que pour pratiquer mais au fur et à mesure, il y a pas mal de gens qui sont venus me contacter via ma page Facebook pour que je les emmène. C’est ce qui m’a fait considérer la chose et à faire les démarches nécessaires pour le faire à l’avenir. Ce n’est pas mon activité principale, c’est avant tout de la passion et du partage. Mais ça me permet d’être ailleurs que derrière un bureau et c’est très plaisant ! 

Dans cette pratique de la pêche, ce n’est pas tout blanc ou tout noir. Je garde du poisson aussi de temps en temps et je n’interdis pas aux personnes qui viennent avec moi de faire de même. En revanche, je suis contre le fait de remplir une glacière de 200 litres à chaque sortie. Je ne vois pas l’intérêt… Le but c’est de manger son poisson frai et pas e le garder des mois au congélateur ! C’est vraiment ça mon discours avec les gens qui me posent des questions sur ma pratique. 

Ce qui est sûr, c’est que tu enlèves du poisson quand tu pêches et que forcément tu le stresses. Ça peut même tuer l’animal si l’hameçon est pris au mauvais endroit. Pour autant, dans les poissons que je pêche, il y a en aussi qui sont des « durs à cuire » ! Un jour, j’ai remonté une loche, elle avait deux cicatrices d’un flanc à l’autre parce qu’elle s’était faite flécher. Généralement, je cherche des carangues GT

KAST NC
En dessous de la nageoire, au dessus sur genou d’Antoine, on peut voir l’entrée de la flèche ! © KAST NC

Je suis persuadé qu’en pratiquant bien la relâche du poisson, c’est-à-dire hameçon sans ardillons pour pouvoir le décrocher facilement, tu donnes déjà plus de chance au poisson de survivre. Et puis après, il faut avoir un bon matériel pour avoir un combat le moins long possible avec lui, plus le tapis de réception. Je l’arrose quand il est hors de l’eau, s’il faut je prends une photo pour mon site et ma page Facebook et hop, il repart à l’eau. Déjà ça, je pense que 80% des espèces qu’on relâche dans les bonnes conditions vivent et vont retaper sur un leurre un autre jour.

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Ta pratique de relâche des poissons va aussi dans une optique de faire attention à ton environnement ? Parle-nous de ton lien au lagon. 

Bien entendu j’adore la pêche mais quand j’étais petit, j’ai aussi fait beaucoup de la voile. Je suis Calédonien, la mer est mon univers de proximité ! Au lycée, on passait notre vie à la sortie des cours sur la plage. En métropole, c’est l’aspect qui m’a le plus manqué. Ce n’est pas pour rien que je suis revenu ici. 

En développant ma passion pour la pêche et cette activité, je me suis rendu compte que j’avais aussi un rôle à jouer pour nettoyer le lagon. C’est une mer semi-fermée avec beaucoup de courants et à chaque fois que je sors, je ramasse des trucs qui trainent dans l’eau. La gaffe dans mon bateau sert plus à piquer des bouts de plastique, des filets ou des ballons que des poissons. Je prête autant d’attention à nettoyer mes propres déchets que ceux que je vois à la dérive… C’est si important ! 

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