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© Jemastock

Les vagues… Aaaah, cette douce mélodie qui vient ravir nos oreilles, nouzôtres Calédoniens. Part de notre quotidien, ces petites vagues, qui viennent lécher le bord de nos plages, peuvent aussi constituer une angoisse pour certains. Si les zones côtières calédoniennes sont relativement protégées des tsunamis grâce à la barrière de corail, il arrive que le lagon soit quelque peu agité et que de grosses vagues se forment…

Outre les possibilités qu’elles offrent pour les surfeurs, ces vagues recèlent d’un potentiel encore plus précieux grâce à sa puissance. Les vagues sont capables de produire de l’énergie naturellement ; c’est ce qu’on appelle l’énergie houlomotrice. De manière ingénieuse et par divers procédés technologiques, la houle devient une manière de créer de l’électricité propre ! Qui a dit que l’eau et l’électricité ne faisaient pas bon ménage ?

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Un océan de potentiel

Si nous vous disions que dès le XVIIIe siècle, les oscillations de la mer fascinaient déjà les techniciens ? Alors que le monde vient de rentrer dans l’ère industrielle avec l’avènement de la « fée électricité », la mer n’échappe pas à cette dernière. Le premier brevet connu utilisant la houle comme moyen de produire de l’énergie date de 1799. Dès lors, la vague devient un nouvel imaginaire technologique. Que ce soit dans les lignes de Jules Verne dans Vingt mille lieues sous les mers ou par les mots de Victor Hugo dans son roman Quatre-vingt-treize, la houle devient un élément à dompter pour être source d’énergie.

« Réfléchissez au mouvement des vagues, au flux et reflux, au va-et-vient des marées. Qu’est-ce que l’océan ? Une énorme force perdue. Comme la terre est bête ! Ne pas employer l’océan ! ».

Victor Hugo ce visionnaire !
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Deux siècles plus tard, les technologies ont bien évolué et l’énergie houlomotrice continue de fasciner. De nombreux systèmes houlomoteurs sont en cours de développement. Avec plus de soixante-et-onze pourcent de la planète recouverte d’eau, notre océan regorge d’un potentiel colossal à explorer. Selon les estimations, cette énergie pourrait générer de 20.000 à 80.000 térawattheures d’électricité par an, ce qui représente 100 à 400 % de la demande mondiale d’électricité…

En Nouvelle-Calédonie, zone maritime de plus de 1,5 million de kilomètres carrées, les chiffres sont tout aussi encourageants. Les vagues fougueuses de la région offrent un potentiel houlomoteur considérable, avec une estimation de plus de trente gigawattheures par an. Cela représente suffisamment d’énergie pour alimenter environ quinze mille foyers calédoniens, tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre (GES). Si la Calédonie ne peut toujours pas compter sur cette seule source de production, c’est une voie à explorer. En exploitant cette « ressource » abondante, le Caillou pourrait, non seulement diversifier son mix énergétique, mais aussi promouvoir son engagement en faveur d’un développement durable et respectueux de l’environnement.

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Dodeliner comme un dauphin

Mais comment réussir à canaliser la puissance des vagues pour produire de l’énergie ? Plusieurs technologies ont été mises au point : sans entrer dans le détail, il existe donc plusieurs procédés pour convertir le va-et-vient des vagues en électricité. Il est possible de citer les convertisseurs à flotteurs, s’élevant et s’abaissant au rythme des vagues tout en activant des générateurs qui transforment ce mouvement en électricité. Ces convertisseurs peuvent prendre plusieurs formes, de structures flottantes à des plateformes ancrées et immergées.

Les colonnes d’eau oscillantes : comment ça marche Jamy ? © C’est pas sorcier

Rappelons que la quantité d’énergie générée par les vagues est faible : un watt par mètre carré et par an, soit deux cents fois moins que l’énergie solaire directe. Pourtant, multipliée par l’énorme surface offerte par l’océan, l’énergie houlomotrice a la densité d’énergie la plus élevée des sources d’énergie renouvelables.

De plus, la beauté de cette technologie réside dans sa flexibilité. Les convertisseurs à flotteurs peuvent être déployés à différentes échelles, allant de quelques unités près des côtes à des parcs houlomoteurs plus vastes en haute mer. Cela permet d’adapter la technologie aux spécificités de chaque site et d’exploiter au maximum le potentiel énergétique des vagues. En outre, les convertisseurs à flotteurs offrent l’avantage d’être relativement silencieux et de ne pas avoir d’impact visuel majeur, préservant ainsi la beauté naturelle de nos côtes.

Grâce à la magie des flotteurs, nous voilà prêts à glisser sur la houle pour produire une énergie propre et renouvelable. Cette manière de produire de l’électricité ouvre la voie à une nouvelle ère où l’océan devient un partenaire clé dans notre quête d’une transition énergétique durable.

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La vague vers une énergie plus durable

Néanmoins, l’énergie houlomotrice est loin d’être une innovation, comme elle est si souvent présentée. Pourtant, à la manière d’une nouveauté arrivée sur le marché, elle entraîne des évolutions et des potentiels technologiques non négligeables. Tout d’abord, elle permet de fournir une énergie propre et renouvelable. Elle est aussi abondante et facile à prédire ! Si la puissance de la vague varie, il est tout de même facile d’estimer sa puissance et de complémenter avec une autre source d’énergie propre comme l’éolien ou le solaire.

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La centrale houlomotrice de Sea Wave Energy Limited (SWEL) © SWEL

En Nouvelle-Calédonie, l’adoption de l’énergie houlomotrice présente des avantages particuliers. En raison de son insularité, la région dépend fortement des importations d’énergies fossiles, ce qui la rend vulnérable aux fluctuations des prix et aux perturbations des approvisionnements. L’exploitation du potentiel houlomoteur local permettrait une plus grande autonomie énergétique et une réduction significative des coûts à long terme. Diminution de la dépendance aux combustibles fossiles et diminution des démissions des GES : ce sont nos écosystèmes marins locaux qui vont être contents !

Pourtant, tout comme un surfeur chevronné doit composer avec les marées et les courants, il est important de reconnaître les défis auxquels fait face l’énergie houlomotrice. Parmi eux, la complexité technique, les coûts de déploiement et les impacts potentiels sur la faune marine. Des études environnementales approfondies et une planification minutieuse sont nécessaires pour minimiser ces impacts et préserver l’équilibre fragile des écosystèmes marins.

Malgré ces défis, l’énergie houlomotrice se présente comme une opportunité unique d’osciller vers un avenir énergétique plus propre et durable. En conjuguant créativité, technologie et respect de l’environnement, nous pouvons faire de la houlomotrice notre alliée pour réduire notre empreinte carbone tout en préservant les merveilles de l’océan qui nous entoure. Alors, prêts à prendre la vague de l’énergie propre ?

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