La Province des Îles passe la seconde ! Dans le cadre d’une délibération lors de son assemblée du 29 juin, la PIL, secondée par des chercheurs de l’IRD, a créé une nouvelle catégorie dans sa nomenclature des espèces et espaces naturels protégés : la « catégorie des entités naturelles sujet de droit » (ENJ). Une première sur le Caillou qui ouvre la voie à une meilleure protection de la faune et de la flore locales. 

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La naissance du statut ENJ

Georges le Bouledogue et Karine la Tortue grosse tête ont désormais un nouveau refuge : le statut d’ENJ ; en effet, depuis fin juin, les élus et autorités coutumières des Îles Loyauté ont décidé d’accorder aux requins et aux tortues des droits juridiques fondamentaux et le « droit d’agir en justice par le biais de porte-paroles pour protéger leurs intérêts propres », peut-on lire sur le site de l’IRD. Pour résumer (très) vulgairement : si vous vous en prenez à un shark ou à une turtle aux Loyautés, vous aurez affaire à la justice ! 

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Une assemblée historique à la PIL le 29 juin 2023 © Province des Îles Loyauté

Et c’est une première en matière de protection juridique de la Nature puisque l’assemblée de la PIL « forte de sa compétence normative en matière d’environnement et en application du principe unitaire de vie consacré en 2016 dans l’article 110-3 vient d’enrichir son Code de l’Environnement (CEPIL) en adoptant la règlementation sur le droit du vivant qui crée les entités naturelles sujets de droit (ENJ), une nouvelle catégorie de personnes juridiques qui n’existent ni dans l’Hexagone – et pas « métropole », hein ! -, ni dans aucun territoire ultramarin. ». No-va-teur !

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La recherche au service de décisions politique éclairées

Néanmoins, cette protection juridique qui intègre parfaitement la coutume ancestrale Kanak, n’aurait sans doute jamais vu le jour sans l’accompagnement émérite des scientifiques et chercheurs de l’IRD ; en effet, depuis plus d’une dizaine d’années, Victor David, chargé de recherche de l’UMR « GRED » puis « SENS », mène des travaux de fond sur les droits de la nature ; ce sont ces productions scientifiques qui ont été mobilisées en « faveur de la volonté des élus et autorités coutumières des Îles Loyauté« . 

Au-delà du travail mené par M. David, d’autres chercheurs de l’organisation, anthropologues, spécialistes en science de l’environnement, ou en biodiversité terrestre et marine ont également apporté leurs diverses expertises pour faciliter le travail des politiciens et leur offrir ainsi un formidable outil d’aide à la décision « éclairée ». L’illustration qu’une fois de plus, l’alliance entre la recherche et la politique fait bon ménage et sert la société civile… aussi bien que la cause animale ! 

« Reconnaître la nature ou les éléments qui la composent comme sujets de droits est une solution pertinente pour assurer une meilleure protection de la biodiversité. »

Victor David, le droit à la rescousse de la Nature. 
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L’IRD au soutien de la protection juridique de l’environnement © IRD Nouméa

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