En partenariat avec Island Robotics

Les archéologues, ces aventuriers du passé, sont souvent imaginés à la recherche des trésors enfouis sur la terre ferme. Pourtant, ils aiment tout autant les défis audacieux, ceux que seul l’océan peut offrir. Imaginez Indiana Jones en combinaison de plongée, explorant les abysses du lagon calédonien à la recherche d’histoires perdues depuis des siècles. Faire de l’archéologie sous-marine c’est plonger dans l’histoire de l’océan et du rapport des hommes à cet élément.

C’est une fenêtre ouverte sur le passé, une opportunité de préserver notre héritage culturel mais aussi de mieux comprendre nos écosystèmes marins actuels. Il existe de nombreuses traces de notre histoire au fond du lagon calédonien et des curieux utilisent la technologie de pointe pour révéler les secrets des profondeurs, tout en préservant l’intégrité de ces écosystèmes fragiles. Plongez avec eux dans les eaux calédoniennes et laissez-vous envoûter par les trésors engloutis qui racontent l’histoire d’une île et de ses habitants. Car ici, chaque plongée est une plongée dans le temps.

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Dévoiler les secrets des abysses marins

L’archéologie est une discipline de curieux et de passionnés d’histoire. Loin du cliché des bibliothèques poussiéreuses, les archéologues sont souvent des personnes de terrain, qui scrutent la terre à la recherche de trésors enfouis. Mais leur champ d’expertise ne s’arrête pas aux rivages, puisque dès le début du XIXe siècle, les archéologues décident de plonger sous la surface de l’eau. Comment ? Grâce à l’apparition de scaphandres pieds lourds et des premiers engins submersibles. Qui ne visualise pas Tintin en mode scaphandrier ou dans son sous-marin en forme de requin ?  

Tintin et les mystères des abysses ! © Hergé

Ainsi, cette discipline n’a cessé de se moderniser pour permettre à l’homme explorer ce monde inadapté à sa survie. Il s’agissait pour lui de contrer les effets du monde des abysses : pression et obscurité sont les deux obstacles majeurs que l’homme tente de défier depuis plus d’un siècle. Aujourd’hui, l’archéologie sous-marine s’appuie donc sur des robots sous-marins sophistiqués, équipés de caméras haute résolution voire de bras mécaniques afin d’aller explorer des zones profondes où l’homme ne peut aller.

Car l’archéologie sous-marine n’est pas une plongée de plaisance. Elle fait face à des défis uniques qui exigent ingéniosité et persévérance. À 1000 mètres de profondeur, la lumière du soleil ne passe plus. Outre ce noir absolu, la pression hydrostatique – à savoir la pression de l’eau sur le corps – est extrêmement forte. Pour donner un ordre d’idée, à 4000 mètres de profondeur, la pression exercée est de deux kilos par centimètre carré ; à 6000 mètres de profondeur, vous porteriez, sur votre dos, l’équivalent de cinq BOEING 747…

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Des défis de l’archéologie sous-marine

Le Nautile © Cyril Fressillon

Les scientifiques n’ont cessé d’innover pour pouvoir explorer des zones de plus en plus profondes. En 1987, le sous-marin, le Nautile, de l’Ifremer et le petit robot Robin ont pu photographier l’épave du Titanic à 3 821 mètres de profondeur. Grâce aux premiers progrès en robotique, ils ont pu ramener des objets. Mais ce n’est qu’à partir du milieu des années 1990 que l’archéologie marine se structure véritablement, grâce notamment aux progrès de l’informatique. Contrôler des robots à distance permet dorénavant d’explorer plus profond et de prélever des morceaux d’histoire. Mais pas que…

En effet, l’utilisation de robots sous-marins demande une expertise particulière, notamment d’un point de vue technique. Les équipes doivent composer avec des pannes, des défaillances de communication, des obstacles imprévisibles – météo, faune et flore. Ils doivent être à même de récolter de la donnée, des images mais aussi de la traiter. Car l’archéologie marine est aussi utile pour cartographier les fonds marins. Balayage sonar, magnétométrie et systèmes de positionnement précis sont les autres outils des archéologues. Ces cartographies détaillées sont des supports de recherches exceptionnels qui peuvent se transformer en outils d’aide à la décision efficace.

En effet, découvrir ce qui se cache sous la surface n’est pas l’apanage des amoureux d’histoire… Les AUV ou autres ROV sont des outils fantastiques pour faire de la maintenance préventive sur les installations telles que les câbles sous-marins ou les tuyaux. Ils peuvent aussi servir dans le cadre de recherches scientifiques afin de mieux comprendre les phénomènes sous-marins, la topographie, la géologie… L’archéologie du grand bleu devient alors plus qu’une porte ouverte sur le passé, c’est aussi une manière de préserver notre présent et d’assurer notre futur.

Les petits instruments modernes de l’archéologue du Grand Bleu ! © NeoTech

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La Nouvelle-Calédonie, une histoire (sous-)marine

S’il est difficile de l’oublier, la Nouvelle-Calédonie est une île ! La mer fait partie intégrante de l’histoire de ses habitants. Elle raconte l’histoire des premiers occupants, des explorateurs européens et représente une partie de l’identité des Calédoniens. Les vestiges subaquatiques du lagon calédonien racontent cette histoire. Ils nous aident à mieux comprendre les migrations humaines, l’évolution des cultures et participent à la préservation du patrimoine culturel et naturel de la Nouvelle-Calédonie.

Plusieurs associations agissent dans ce domaine pour mettre en lumière cette richesse inestimable. En effet, le lagon calédonien abrite des centaines d’épaves de navires de la période coloniale et des vestiges des cultures kanaks. Des entreprises, comme Island Robotics, se joignent à elles pour les assister dans ces tâches, notamment sur la partie technique. Michaël Field, son créateur, a pu ainsi travailler avec de nombreux acteurs du Caillou, de l’association Fortunes de Mer pour trouver des épaves de la Seconde Guerre mondiale, à des entreprises privées pour dépolluer la Baie de Numbo.

© Island Robotics

Si parler d’archéologie sous-marine est synonyme d’histoire et de patrimoine, c’est aussi parler de nouvelles technologies. Elle nous rappelle que l’histoire de notre monde ne se limite pas à la surface de la Terre et met en avant les mutations profondes de nos sociétés. Le fond du lagon calédonien est un véritable écrin de biodiversité que l’archéologie permet de révéler ou de protéger…

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