Les températures remontent, les glacières se remplissent et les moteurs ronronnent ; pas de doute, l’été tape à la porte ! En famille, avec la bande ou en solo, on file vers les îlots, parfaits pour une journée à bronzer, plonger, ou simplement déconnecter. Mais derrière les nattes et les paréos, il y a tout un monde vivant qui tente, tant bien que mal, de cohabiter avec nous. Oiseaux marins, tortues, coraux, herbiers… Ces joyaux du lagon font de nos îlots des écosystèmes aussi précieux que fragiles. Alors avant de « barrer en mer », un petit rappel de bon sens mérite d’être fait : sur les îlots, on profite, mais on protège.
__
Respecte ton spot
Le Grand Lagon Sud n’est pas juste une carte postale, il est inscrit au Patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2008, et abrite une biodiversité unique au monde. Certains îlots, comme Goéland, Koko ou N’Digoro, sont interdits au débarquement, d’autres, signalés d’un drapeau rouge à certains moments de l’année, deviennent temporairement inaccessibles. En d’autres termes, dès l’arrivée des colonies d’oiseaux, on garde ses distances pour laisser la place aux véritables habitants des lieux. Les oiseaux marins, par exemple, nichent à même le sable. Un pas trop près, et les parents s’envolent, laissant œufs et poussins orphelins cuire au soleil. Si vous avez un doute, la Province sud met à disposition une liste des îlots accessibles au public en temps réel.
Les tortues, elles, viennent pondre entre novembre et mars. Inutile de les suivre ou de les toucher, on garde ses distances ! Dix mètres pour elles, quarante pour les oiseaux. Préférez les jumelles et ne touchez qu’avec vos yeux, comme au musée ! Autre bon comportement à avoir, nos toutous ne sont pas les bienvenus… Un seul chien peut faire fuir toute une colonie d’oiseau et compromettre une saison entière de reproduction.
(Pas) fun fact : la sterne néréis est aujourd’hui l’espèce la plus menacée de Nouvelle-Calédonie. Moins de cent couples nichent encore, presque exclusivement dans la Corne Sud.
__
On touche avec les yeux
Un îlot, c’est un écosystème miniature où chaque élément compte. Le bois mort nourrit le sol, les coquillages régénèrent le sable, les herbiers nourrissent les tortues et les dugongs. En bref, rien n’est inutile. Alors, on oublie les « petits souvenirs de vacances » et on ne collecte pas de bois, de coraux, ni de coquillages inconnus. Pour nos pêcheurs passionnés, on ne pêche que ce dont on a besoin, pour préserver la ressource. Côté repas, on privilégie les pique-niques froids pour ne pas faire de feu. De toute façon, il fait trop chaud pour un barbecue… Et comme la faune locale a déjà son self-service, pas besoin de les nourrir, cela perturbe leur comportement et peut même les rendre agressifs. Et c’est pas si fun de se faire embêter par un pétrel.
Autres réflexes simples mais importants :
- Tous les déchets repartent avec nous sur le bateau, même organiques (ils polluent et attirent les nuisibles)
- On ne jete pas ses mégots (sans blague ?)
- On évite les grosses Boombox, pas de groupe électrogène ni de feux d’artifice, pour préserver la faune et le calme
- Quand on pose pied à terre, on fait attention où l’on marche, en évitant les herbiers et les coraux
__
Les héros sans cape
Depuis 2016, la Province sud a lancé un réseau d’acteurs engagés : les Ambassadeurs du lagon. Ce sont des professionnels du tourisme, des skippers, des plongeurs, des guides… tous formés pour concilier plaisir en mer et respect de l’environnement. Ils apprennent à mieux connaître la réglementation, les espèces protégées, les bonnes pratiques, et surtout, ils partagent leurs connaissances pour que la protection et la préservation du lagon deviennent une évidence.
Mais pas besoin d’un badge pour faire partie du mouvement, chacun de nous peut devenir un ange gardien du lagon. Ramasser un déchet, informer un ami, respecter un drapeau rouge, observer sans déranger… autant de petits gestes qui, mis bout à bout, changent la donne. Pas besoin de super-pouvoirs pour sauver notre lagon, juste d’un peu de bon sens.
__
Mission possible
Nos îlots de Nouvelle-Calédonie sont nos spots du week-end, nos cartes postales grandeur nature. Mais ils sont aussi et surtout des nurseries, des refuges pour les oiseaux, des poumons pour le récif. Protéger ces écosystèmes, c’est préserver ce privilège rare de vivre entouré d’un tel patrimoine. Alors pour les mois (et années) à venir, avant de lever l’ancre, on se souvient qu’un îlot, ça se visite et ça ne se maltraite pas. Et si vous avez le temps pour un peu de lecture, découvrez le Guide du lagon 2025 !
__
