Normalement, vous commencez à le comprendre mais la rédac’ aime la navigation et surtout s’incruster sur des bateaux du Cercle Nautique calédonien pour aller régater le mercredi. Cette semaine, la rédac a été invité sur le bateau Blue Dude, fidèle destrier de l’équipage « Dove Syrius Défi des filles« , avec son mât flambant neuf et une coque toute propre.
Alors que les six femmes s’activent à préparer leur monture pour un entrainement au carré, nous avons eu le plaisir de discuter avec Laura et Sophie, les deux responsables embraque du bateau. Ce n’est pas parce que c’est un équipage 100% féminin que la compétition passe au second plan ! Si leur passion pour la navigation les rapproche, elles partagent toutes des histoires et des envies différentes. Soudées sur le bateau comme dans la vie, découvrez deux femmes de l’équipage, aussi sportives qu’inspirantes.
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Bonjour Mesdames et bienvenue sur NeOcean ! Une fois n’est pas coutume, c’est sur un bateau que nous nous rencontrons. Est-ce que vous pouvez vous présenter vous et votre fidèle destrier marin ?
Laura Maire : Bonjour NeOcean et bienvenue sur notre bateau Blue Dude ! Je m’appelle Laura, j’ai 33 ans et je suis numéro 4 sur l’équipage « Dove Syrius Défi des filles », un Young Rocket de régate. Je m’occupe d’un des postes d’embraque avec Sophie. Cela signifie que je suis positionnée dans le cockpit et que c’est nous qui nous occupons du réglage des voiles avant – génois et spi.
Dans un objectif de performance, nous avons des postes définis et sur les périodes d’entrainement, nous y restons pour les travailler et les approfondir. Cependant, de temps en temps nous changeons de poste pour nous rendre compte des difficultés des autres et de ce qu’elles peuvent rencontrer comme problématiques lors de nav’. Cela fait deux ans et demi que je navigue sur ce bateau.
Sophie Barbier : Bonjour NeOcean, je m’appelle Sophie Barbier et je fais partie aussi de l’équipage « Dove Syrius Défi des filles ». Au même titre que Laura, je m’occupe aussi des postes d’embraque. J’ai véritablement rejoint l’équipe en tant que navigante en 2022. Avant je m’occupais surtout de leur communication et des dossiers de sponsoring car c’était plus mon univers. J’ai été un peu dégoutée de la régate off-shore à cause de mon expérience étant plus jeune… En effet, j’ai pratiqué beaucoup de voile en étant au lycée. J’étais souvent la seule fille, la plus jeune et on me laissait au rappel donc je ne vivais pas grand-chose… Quand j’ai eu un déclic, c’est tout naturellement que les filles m’ont acceptée en tant que membre de l’équipage à part entière.
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Pourquoi avoir voulu faire partie d’un équipage 100% féminin ? Comment se passent les entraînements et les régates sur Défi des Filles ?
Sophie : En fait, je navigue depuis toute petite, en croisière avec mes parents. J’ai fait de la régate au lycée. Mon ex-compagnon pratiquait aussi beaucoup la régate et quand nous sommes arrivés à Nouméa, il y a huit ans, j’ai voulu me trouver une activité. C’était son univers et je me suis écartée de la voile pour me mettre au trail. Dans la voile, je trouve qu’il y a une grande partie de confiance en soi et je ne l’avais pas vraiment à cette époque.
Ça ne m’empêchait pas de naviguer, notamment avec Christine que j’ai rencontrée à cette période. Je ne voulais plus trop vivre des compétitions off-shore, puisqu’en plus d’être malade en mer, je n’ai pas trop bien vécu mes premières expériences. Lors de leur première Groupama en équipage féminin, elles m’ont proposé de participer. J’ai préféré rester à terre et m’occuper de leur communication. Je n’ai pas du tout regretté ou mal vécu, j’étais encore bloquée sur le fait de ne pas vouloir naviguer.
C’est en 2019 que j’ai eu le déclic. Je suis partie en voyage sabbatique avec mon ex-compagnon et nous nous sommes séparés sur la route. Quand tu vis une rupture, il se passe des choses dans ta tête et c’est à ce moment que j’ai eu envie de renouer avec la navigation. En revenant en Nouvelle-Calédonie, j’ai voulu prendre part à l’aventure et les filles m’ont accueillie ! C’est véritablement en 2022 que je suis rentrée en tant que navigante sur le bateau. L’aventure humaine en vaut tellement la chandelle que mon mal de mer ne fait pas le poids. C’est une décharge d’émotions et de dopamine exceptionnelle ! « Rien que pour vivre l’émotion à l’arrivée, je prends le départ » pour citer Sandrine.
Laura : Pour ma part, j’ai voulu faire partie de cet équipage pour le côté unique en Nouvelle-Calédonie, j’avais envie de découvrir une autre manière de fonctionner. J’aime beaucoup les valeurs de partage, de communication, d’entraide et de sororité que nous avons au sein de l’équipage. D’autre part, j’avais aussi une forte envie de performance et Défi des filles est une belle symbiose des deux aspects. Nous voulons progresser, nous aimons nous voir progresser ! Le tout dans du respect et du partage.
Je trouve qu’il est facile de trouver sa place, les filles sont toutes bienveillantes. À titre personnel, faire partie d’un équipage fixe entraîne aussi plein de questionnements internes, savoir se positionner vis-à-vis des autres, savoir quand tu dois t’affirmer, quand tu dois continuer à apprendre, quand tu dois respecter ton poste… Il faut connaitre les postes et les limites de chacune. C’est très riche comme relation. Et puis, bien sûr, nous avons noué des liens qui vont au-delà de l’équipage…
La Groupama reste l’un des plus beaux souvenirs que j’ai. L’expérience a été intense et tout s’est passé parfaitement. Nous sommes toutes revenues avec beaucoup de gratitude. Pour une première toutes ensemble, c’était un magnifique moment humain.
Sophie : Je dirais que je fais partie d’un équipage féminin non pas parce que ce sont des filles mais parce que nous avons créé quelque chose de plus. Je pense que c’est un critère qui peut rassurer au début, notamment moi qui n’avait pas une super expérience de régate mais je n’y reste pas parce que ce sont des femmes.
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Quel est votre lien à la mer ? Comment en êtes-vous arrivées à faire de la voile ? Qu’est-ce qui vous plait le plus dans ce sport ?
Laura : J’ai grandi en Calédonie, sur un voilier avec ma famille. Mais je n’étais pas forcément actrice, car enfant. Quand je suis revenue en Nouvelle-Calédonie et dans le milieu de la voile, j’ai voulu me réapproprier la navigation. Intégrer l’équipage Défi des filles était une belle façon de le faire. J’ai pu y découvrir la régate, qui est un univers complètement différent de la croisière ! Je trouve ça très chouette de pouvoir pratiquer les deux dans ma vie personnelle : je vis sur un voilier avec mon compagnon et j’ai le côté régate avec les filles !
Sophie : Depuis petite, je navigue. Ce que j’aime quand je suis sur l’eau c’est de se sentir ailleurs. En revanche, je n’aime pas être dans l’eau ! Je suis frileuse, j’ai très vite froid et je ne supporte pas ça. Je ne m’amuse pas vraiment dans l’eau… Pour autant, passer du temps sur le pont d’un bateau, j’adore ça ! La croisière c’est vraiment mon truc. Quand je pense à la mer, je revois les navigations avec mes parents en Turquie, en Grèce et tout autour de la Méditerranée. Ce sont de très beaux souvenirs et j’y suis très attachée. Grandir avec la voile est offrir une enfance très douce.
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