Martin Ravanat, le gérant d’Aqualagoon à Poindimié, c’est la passion pour la plongée incarnée. Il y a quelques temps, nous l’avions rencontré lors d’une sortie PMT sur la barrière, à quelques encablures de la côte et de l’îlot Tibarama. En-dehors d’être un grand professionnel de la plongée, c’est surtout une personne qui a le cœur sur la main et dont la motivation principale est de partager les plus beaux recoins du lagon. Pour cela, il a la formule magique : une générosité hors pair, un matériel de plongée impeccable, une connaissance parfaite des alentours marins, le tout saupoudré de photographies qui laissent des souvenirs impérissables… Rencontre avec un passionné passionnant ! 

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Bonjour Martin et bienvenue sur NeOcean ! Bon alors, plutôt PMT ou plongée ? 

Bonjour NeOcean, bienvenue à Poindimié ! Alors je viens de la plongée bouteille mais je suis progressivement passé au PMT parce qu’il faut savoir se diversifier ! Je trouve que finalement, c’est une très belle manière de faire découvrir le lagon à des personnes qui n’ont pas forcément l’opportunité de le faire ou qui ne seraient pas très à l’aise en immersion totale. 

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Nous on adore le PMT ! Est-ce que tu peux commencer par te présenter avant que nous plongions dans le vif du sujet ? 

Je m’appelle Martin Ravanat, j’ai 62 ans cette année et je viens de métropole. J’ai commencé à travailler assez tôt mais dans un secteur complétement différent de la plongée, dans le domaine informatique pour être plus précis. Avant de partir de métropole, j’étais directeur général d’une société de services informatiques. 

À côté de ça, j’étais passionné de plongée. Je passais tout mon temps libre à faire de la plongée bouteille et à parcourir le monde pour découvrir les fonds marins. Un jour, alors que j’étais aux Maldives, je me suis dit que je ne plongeais pas assez souvent et que dorénavant, je voulais pouvoir plonger tous les jours. En un éclair, comme ça, j’ai décidé de créer un centre de plongée

À partir de là, je suis rentré dans le processus de recherche d’un endroit et j’ai découvert la Nouvelle-Calédonie et particulièrement Poindimié. L’objectif pour moi ce n’était pas tant de gagner de l’argent que de vivre de ma passion. Mais je voulais mon club et faire les choses à ma manière. Je suis arrivé en 1996, j’ai monté Tiéti Diving que j’ai tenu pendant dix-huit ans. Puis j’ai vendu et j’ai décidé de me lancer dans une nouvelle aventure : Aqualagoon. Nous ne proposons que de la randonnée palmée

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Aqualagoon est spécialisé en PMT. Est-ce que tu peux nous raconter l’histoire et nous expliquer ce choix ? 

Dans mon ancien club de plongée, nous faisions surtout de la plongée bouteille mais nous proposions aussi de la randonnée palmée. J’avais déjà conscience que c’était un produit exceptionnel mais je n’avais pas les moyens logistiques ou humains pour développer cette partie de l’activité. Au bout de dix-huit ans, j’ai décidé de vendre la partie plongée et de me focaliser sur la partie PMT avec Aqualagoon

Favoriser le PMT c’était, selon moi, ouvrir une nouvelle activité et de nouvelles pratiques pour les visiteurs et touristes en Calédonie. Nous étions trois à la base, Adèle et Jeanne qui m’accompagnaient dans les sorties. Mais la COVID-19 est passée par là et nous avons eu une baisse de l’activité, ce qui fait qu’aujourd’hui il n’y a plus qu’Adèle et moi. 

Pour ma part, cela fait 28 ans que je fais cette activité et je dirais que je commence à être en fin de parcours. Ce n’est pas pour aujourd’hui non plus mais je commence à être un peu fatigué et j’ai moins tendance à me lancer dans de nouveaux projets. Je continue de faire mon métier avec passion : tous les matins, avec Adèle, nous allons sur la barrière et nous offrons une expérience qu’on espère incroyable à tous nos clients. 

Nous proposons deux plongées d’une heure chacune dans des endroits proches mais très différents au niveau de la topographie. D’un côté il y a une architecture particulière et de l’autre, on est plutôt sur un endroit très poissonneux. Dans tous les cas, nous misons sur le confort et la sécurité. Des combinaisons bien chaudes, des masques garantis sans buée, des guides qui vont leur montrer les choses à voir sous l’eau tout en assurant leur sécurité… Le tout en proposant aussi des photographies !

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Les photos sur vos réseaux sociaux sont « TRoP KoOL». D’où te vient cette passion ? Pourquoi la partager avec tes clients ? 

Je dirais que les photos c’est ce qui rend notre prestation unique sur le territoire. J’ai démarré la photographie en 1996 alors qu’il n’y avait encore pas d’appareils photo numériques. Je suis partie du principe que quand on fait son baptême de plongée, tu as envie d’en garder une trace, il faut qu’il y ait une mémoire de ce moment. C’est comme ça que j’en suis arrivé à plonger avec les Fuji avec vingt-sept photos et j’en faisais deux de chaque personne. 

Forcément, avec ces appareils, il fallait attendre que la pellicule soit terminée pour les faire développer. Je prenais les adresses de chaque plongeur et je leur envoyais les clichés une fois développés. C’était un aspect très important pour moi et même si je ne suis pas du tout photographe professionnel, je pense que c’est un vrai gros plus chez Aqualagoon. Ce qui m’intéresse c’est la photo souvenir, figer le moment que les gens ont vécu. 

En-dehors du point de vue émotionnel, la photographie numérique permet aussi de revenir sur ce qu’on a vu. Sous l’eau, impossible de parler et quand on remonte on a souvent envie d’avoir des informations sur ce qu’on a vu. La photo fait qu’on a un moyen supplémentaire pour parler de la même chose. Ça grave un peu dans la mémoire les animaux croisés. C’est un outil pédagogique énorme ! 

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Tu pratiques aussi l’apnée en faisant du PMT. Peux-tu nous décrire ce que tu ressens quand tu es sous l’eau ? 

En fait, je suis arrivé sur la plongée un peu sur le tard, vers 23 ans. En revanche, une fois que j’ai découvert l’univers de la plongée, j’ai tout de suite adoré et j’ai passé des brevets très rapidement. J’ai fait ça en piscine ou en Bretagne, dans des conditions qui ne sont pas les mêmes qu’ici et avec le recul, je me dis que si on a le truc avec ça, c’est qu’on est fait pour aimer la plongée ! Toutes mes vacances ont été tournées autour de la plongée et au fur et à mesure, je me suis dit qu’il fallait que j’en fasse mon quotidien. 

Sous l’eau, c’est un terrain d’aventures et de découvertes où l’on voit des choses incroyables. Je ressens beaucoup de sérénité quand je suis sous l’eau, c’est vraiment une sensation qui est exacerbée ! Quand je suis arrivé à Poindimié, j’ai vraiment défriché tous les alentours et je me disais que j’étais peut-être le premier humain à voir certaines choses sous l’eau dans cette zone. Il y a un côté explorateur qui me plaît énormément ! 

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C’est aussi une histoire de passion avec la faune aquatique ? Si tu devais choisir de te réincarner en animal aquatique, lequel serait-il ? 

Les sites ici sont merveilleux. D’abord parce qu’il y a une diversité très forte au niveau de l’architecture corallienne. Ensuite parce que tu peux tout voir très rapidement. Quand on commence à plonger, généralement les gens veulent voir du gros, des requinsdes raies. Mais assez rapidement, je me suis rendu compte qu’il n’y avait pas que ça et que les micro-organismes étaient tout aussi extraordinaires. J’ai voulu sensibiliser les gens à cet univers. 

Ça permet en plus d’avoir toujours quelque chose à voir ou à découvrir ! La raie, ce n’est pas dit qu’elle soit là à chaque sortie alors certains types de poissons ou les coraux ou d’autres écosystèmes seront toujours là. Et puis plus on plonge, plus on voit des choses et plus on est en capacité de les partager à ses collègues de plongée. C’est très valorisant et satisfaisant pour tout le monde. D’ailleurs, je pense que la photographie est aussi un très beau moyen de rendre les gens encore plus accros à la plongée !

Aujourd’hui, si je devais me réincarner en un animal, ce serait un hippocampe pygmée ! Enfin… C’est très difficile de choisir, j’aime tout sous l’eau car tout est spectaculaire. Le gros, le petit, l’immobile ou le rapide. 

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Y a-t-il un site où tu préfères plonger ? Raconte-nous un de tes plus beaux souvenirs sous l’eau ? 

C’est toujours un peu compliqué de choisir un seul spot car cela dépend tellement de la météo. Sur un même site, trois jours de suite, tu peux vivre trois plongées différentes. Le courant, la visibilité ou encore la luminosité vont vraiment avoir un impact sur ta sortie. Je n’ai pas de préférence, j’aime simplement être dans l’eau ! 

Poindimié est un site qui est extraordinaire parce qu’il y a une diversité qui est tout simplement phénoménale. Tout ce que tu vois dans les livres de plongée sur les récifs tropicaux, tu le trouves ici, à vingt-cinq minutes de navigation de la côte. J’ai fait mes plus belles plongées ici… 

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Une dernière chose à partager à nos lecteurs ou une actualité à diffuser ? 

J’ai la chance de plonger avec une collègue absolument extraordinaire, qui s’appelle Adèle Bugaj-Outiou et que j’ai connue en arrivant sur le territoire alors qu’elle n’avait pas 18 ans. Elle travaillait dans le service à l’époque mais je lui ai proposé de travailler avec moi pour les sorties plongée. C’est une femme mélanésienne extraordinaire de gentillesse, de professionnalisme et de loyauté incroyable. Je peux dire la même chose de Jeanne, je suis désolé qu’elle ne travaille plus avec nous car c’était une plongeuse d’exception. C’est aussi ça qui me maintient, c’est de travailler avec des personnes comme elles. Ce sont des femmes marquantes, pour qui on revient ! 

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