Photo © William Roman, Explocéan

On ne le répétera jamais assez mais les coraux présents dans la zone maritime de la Nouvelle-Calédonie sont uniques et magnifiques. Sans compter qu’ils sont en meilleure santé que ceux de nos voisins australiens. Et c’est cette caractéristique qui intrigue les scientifiques. Alors que les océans se réchauffent mondialement, menaçant alors la survie de ces petits animaux, les coraux calédoniens semblent s’adapter à ces changements de températures.

C’est pourquoi, du 21 au 30 juin derniers, une mission scientifique de neuf jours s’est déroulée dans le Parc Naturel de la Mer de Corail (PNMC). Une équipe de chercheurs de l’IRD, du CNRS et de l’Université de la Nouvelle-Calédonie s’est rendue aux atolls éloignés de Chesterfield et de Bellona, pour y mener la première étape de la mission ReCoVer. Celle-ci vise à comprendre cette capacité de résistance de nos coraux aux vagues de chaleur…

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Ce corail est vivant : c’est un animal ! Regardez ces petites polypes © Magali BoussionIRD

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Passer les coraux au microscope

Nom de code de la mission ? ReCoVer. Cela signifie « renforcer la conservation récifale dans le Pacifique Sud via l’identification de coraux adaptés au stress thermique ». Son but ? Prélever des fragments des coraux présents dans les récifs Chesterfield-Bellona pour comprendre leur thermotolérance et analyser l’environnement marin dans lequel ils évoluent.

Partant du constat que les vagues de chaleur de ces dernières années ont moins touché nos coraux, les scientifiques ont souhaité comprendre d’où venait cette capacité d’adaptation et en savoir plus sur l’environnement dans lequel ils évoluaient. Ainsi, à bord du bâtiment le D’Entrecasteaux, de la Marine Nationale, les scientifiques ont aménagé un laboratoire afin d’analyser les prélèvements réalisés dans la zone. Composé de douze aquariums thermorégulés conçus par l’Aquarium des lagons, le labo a permis aux scientifiques d’échantillonner directement des coraux et faire du séquençage ADN.

« À partir des morceaux de coraux, nous réalisons des extractions d’ADN et nous recherchons méticuleusement des marqueurs génétiques de résistance naturelle à la chaleur. L’idée est ensuite d’élaborer, à l’échelle du parc et celle de la région, une carte de distribution géographique des récifs coralliens résistants à la chaleur et ainsi, appréhender le potentiel adaptatif des coraux calédoniens ».

Véronique Berteaux-Lecellier, coordinatrice du projet ReCoVer

Ainsi, les premiers résultats aideront à établir une cartographie des récifs coralliens résistants à la chaleur et d’étudier finement leurs milieux de vie. Ces recherches sont cruciales pour mieux connaître les mécanismes d’adaptation des coraux aux changements climatiques et ainsi mettre au point des stratégies de protection et de conservation pour nos super-coraux.

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Un consortium international à la rescousse des coraux

Si la mission ReCoVer s’est déroulée avec le soutien des forces armées de la Nouvelle-Calédonie et de l’Aquarium des lagons, il s’avère qu’elle est aussi le fruit d’une collaboration internationale entre le Caillou, l’Australie (AUMS-SCU) et la Suisse (EPFL). En effet, elle est le support de deux thèses (une Franco-Suisse et une Franco-Australienne) avec deux directeurs basés en Nouvelle-Calédonie, dont la coordinatrice du projet, Véronique Berteaux-Lecellier (CNRS).

Si le communiqué de presse indique que c’est une première mission, il n’y a aucune information sur les suites du projet ReCoVer. Pourtant, la collaboration internationale sur un tel projet rappelle que les écosystèmes océaniques ne connaissent pas de frontière et que le réchauffement climatique concerne tout le monde. Alors que les experts craignent la disparition d’une grande majorité des coraux d’ici 2050 à cause de l’augmentation de la température des océans, les résultats de ces missions scientifiques permettront surement de mettre au point des stratégies de conservation… Affaire à suivre !

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