Parmi les petites mains qui ont fait tourner la machine de la New Caledonia Groupama Race, il y a les bénévoles. Ceux qui veillent, sourient et courent partout pour que tout se passe comme sur des roulettes. La rédac’ a souhaité mettre un coup de projecteur sur ces héros de l’ombre. On a donc rencontré Emma, qui a vécu la semaine à fond, côté coulisses. Sur le village, elle a vu défiler animations, concerts, visiteurs curieux, passionnés, enfants surexcités… Une sacrée ambiance qu’elle nous raconte en trois questions pour clore cette huitième édition avec un grand sourire.
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Salut Emma et bienvenue sur NeOcean ! Clap de fin pour la New Caledonia Groupama Race, si tu devais décrire ton rôle de bénévole en 3 mots… ou 3 nœuds marins ?
Hello NeOcean ! En trois mots, je dirais accueil, multitâche et informations. Et si je devais choisir trois nœuds marins, le nœud de chaise, parce qu’il sert à tout, tout le temps ; le nœud de taquet, parce qu’il faut être au taquet justement ; et le nœud papillon… C’était ma première fois sur la Groupama Race, et ça m’a donné envie de recommencer. Les missions sont variées, entre le village, la buvette, les initiations, la boutique, etc. Il y a de quoi faire, et maintenant, il ne reste plus qu’à naviguer ! Au Village, comme on était nombreux, j’ai surtout travaillé à la boutique officielle, pour installer et ranger les t-shirts, vestes, casquettes, sacs et autres goodies. J’ai aussi fait la promotion du super parfum créé spécialement pour l’événement. Et bien sûr, on a beaucoup discuté, avec les visiteurs, les autres bénévoles, les membres du staff du CNC. De belles rencontres, des liens qui se créent. On a aussi bien rigolé avec Sophie (de l’accueil du CNC) et Agnès (bénévole).
Et puis il y a eu la mission VIP sur le Betico pour le départ de la course. Un réveil un peu matinal pour être à 6h30 au Quai Ferry, accueillir les partenaires et embarquer direction la ligne de départ. On a même eu droit à un petit-déjeuner. L’ambiance était top, pas besoin de faire la police, tout le monde était cool. Petit bonus, on avait accès à la plateforme supérieure du Betico où se trouve le capitaine et toute son équipe, avec une vue imprenable sur la navigation. Il y avait du vent, les bateaux faisaient des cercles autour du Betico, un vrai spectacle. Et à 10h, le départ a été donné et l’envoi des spis a été incroyable. On sentait déjà la puissance et l’élégance des équipages. On les a regardés disparaitre vers le Phare Amédée, sous la pluie, mais tout le monde était ravi.

J’étais aussi la marraine de Roamance, un des bateaux australiens. Je devais être là pour leur arrivée, sauf qu’on ne savait pas exactement quand ils toucheraient terre, vu qu’ils arrivaient à la voile. On pensait à une arrivée nocturne, alors on a monté une veille dès 3h du matin, et finalement, ils sont arrivés à 15h, faute de vent ! Une fois au port, on les a accueillis avec de quoi s’hydrater et “casse-crouter”. Ensuite, passage obligé avec la police aux frontières, la douane et le phytosanitaire. On était deux parrains-marraines par bateau, alors ça faisait pas mal de monde sur le petit ponton. On leur a donné quelques conseils, on leur a expliqué le programme et répondu à toutes leurs interrogations : « Où peut-on acheter de la bière ? Où peut-on faire une lessive ? Est-ce qu’il y a des clubs de plongée ? Les musées sont-ils ouverts le dimanche ?« .
Pendant la course, on a suivi leur progression tel leur fanclub numéro un. Chaque matin, de nouveaux rebondissements : des abandons, Rushour qui a eu besoin d’assistance, des photos de l’équipage… Je ne pense pas que j’aurais autant suivi la course si je n’avais pas été marraine. Et le jour de leur arrivée, on a bien fêté ça. On est même allés danser à « L’Endroit ».
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Pour un peu de nostalgie, c’est quoi, pour toi, l’esprit Groupama Race ?
L’esprit Groupama Race, c’est des sensations, des rencontres, et des bières ! Un vrai festival de la voile. Tout a été sensationnel. La première nuit de Roamance, ils ont dû réparer un « truc » (le prodder fittin) qui avait cassé. Le vocabulaire marin, c’est déjà un casse-tête en français alors en anglais, c’est un level au-dessus. Chaque corde a un nom, on ne dit pas “à droite” ou “à gauche”, le volant devient la “barre”…
Ensuite, il y a eu le coude à coude avec Rushour et V5, le sauvetage de Rushour, les abandons qui rebattaient sans cesse les cartes du classement… Et à la fin, la pétole, les arrivées au compte-gouttes, souvent de nuit. On a passé beaucoup de temps à la buvette du CNC, à féliciter, discuter, partager les histoires de chacun. C’est un mélange d’adrénaline, de rires, de stress en recevant leurs messages, et de soulagement quand ils reviennent à terre.

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Une anecdote salée à partager à nos lecteurs ?
Quand V5 est arrivé, il faisait nuit noire. Dans la rade, il n’y a pas de lumière. On était sur la digue à se demander où se trouvait la ligne d’arrivée, et même où était le bateau. On distinguait à peine les zodiacs des encadrants et les bateaux du comité d’arbitrage, seulement grâce aux petits faisceaux lumineux. Puis soudain, on a aperçu cette grande voile noire, c’était V5, tout proche. Heureusement que le comité a sonné la corne de brume, sinon on n’aurait jamais su à quel moment exact ils avaient franchi la ligne. On a applaudi, crié, sifflé jusqu’à leur arrivée au ponton où on les a accueillis. L’ambiance était bon enfant, tout le monde super heureux de voir le premier bateau finir la course, et l’équipage ravi d’avoir bouclé le tour de la Calédonie.
Mais pour ne rien vous cacher, on n’a pas beaucoup dormi depuis le départ de la Ponant Sydney-Nouméa Race. Ni les organisateurs, ni les veilleurs, ni les équipages. Moi, j’avais mis des alarmes toutes les heures, même la nuit, pour être sûre de ne pas rater l’arrivée de Roamance. À croire que tout le monde faisait des quarts… Alors pour tenir ces deux semaines de bénévolat, il a fallu une bonne dose d’adrénaline, les copains sur les bateaux, ceux qu’on retrouvait chaque soir aux points course du 3 Mats, et un petit peu de sommeil quand même.

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